Mythemes du Nord

Quels sont les éléments narratifs les plus petits quand on parle du Nord ? Comment interagissent-ils entre eux, comment se combinent-ils à moment donné et comment peut-on les identifier – sur papier ou de façon automatisée avec l’ordinateur ? Telles sont les questions qui animent un projet de recherche piloté par Thomas Mohnike, professeur au département d’études scandinaves et directeur de l’Unité de recherche Mondes germaniques et nord-européennes (UR1341) en collaboration avec la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, la DNum et des partenaires nationaux et européens. Le projet a deux volets – d’un côté des rencontres de recherche, de l’autre des innovations méthodologiques grâce aux méthodes issues des humanités numériques.

Depuis 2016, deux journées d’études annuelles ont été organisées à la BNU sur les imaginaires du Nord, plus précisément sur les mythèmes du savoir du Nord en circulation culturelle en Europe et ailleurs. Les thèmes abordés sont aussi divers que les sonorités du Nord, le corps et l’érotisme, les transformations des imaginaires géographiques, l’égalitarisme, le froid, le protestantisme etc. Les résultats de ces rencontres sont publiés dans la revue Deshima. Lors de ces rencontres, les chercheurs ont observé que des éléments narratifs du savoir très similaires – les mythèmes – sont utilisés dans des médias et dans des textes multiples, en se recombinant à chaque occasion d’une nouvelle façon. La question se posait alors : comment pourrait-on cartographier ces circulations d’éléments narratifs et de leur grammaire ?

Pour intensifier cette réflexion, un cycle de conférences est organisé durant l’année universitaire sur le thème « Mythemes du Nord » au rythme d’une conférence par mois depuis l’automne 2020. L’idée initiale était de les organiser sous forme des séminaires hybrides qui ont lieu en même temps dans plusieurs universités et à la BNU par visioconférence – en raison de la crise sanitaire, nous avons dû les transformer en webinaire sans l’élément du présentiel. Les conférences, le plus souvent en langue anglaise, sont enregistrées et publiées sur une chaîne de podcast dédiée.

Pour autant, ce volet n’est que le lieu d’échange et de transmission des résultats de recherche du groupe qui réunit aujourd’hui des chercheurs venant de France, d’Italie, du Quebec, le Danemark et la Suède.  Le cœur battant du projet est sans doute son laboratoire. En effet, depuis 2019, Ludovic Strappazon (DNum) et Thomas Mohnike conçoivent un outil de détection et de cartographie des mythèmes en circulation culturelle, le laboratoire des mythèmes. Dans ce laboratoire, un corpus multilingue de presque 100 œuvres est analysé avec des outils développés ou déployés pour le projet. Le but est de modéliser la circulation des mythèmes du savoir dans des textes d’origine diverse, notamment de l’Europe et Amérique du Nord ; pour l’instant, nous étudions environ 550 mythèmes du savoir du Nord. Ce corpus grandit à fur et à mesure des autres recherches, entre autre grâce à un projet de numérisation réalisé à la BNU. Deux grands corpus sont au centre de ces recherches : les voyages dans le Nord et la réception de la mythologie nordique.

Depuis le début, des étudiants du Master Technologies des Langues de la Faculté de langues participent à ce projet. Pour l’instant, deux projets de Master sont réalisés dans ce cadre – l’un en collaboration avec la BNU sur l’OCERisation (reconnaissance numérique des caractères) des ouvrages anciens en langues rares, l’autre sur la visualisation automatisée de données générées par le laboratoire. Ces projets sont encadrés avec Delphine Bernhard, maître de conférences et responsable de ce Master.

Le projet est conçu de façon transdisciplinaire et invite tous les intéressés à s’y joindre.

Site du projet 

Laboratoire des mythèmes 

Chaîne de podcast 

Bibliothèque numérique Europe du Nord à la BNU