Quésaco ?

Créé à l’Université de Strasbourg en 2016, sous l’égide des Investissements d’Avenir (IdEx), à l’initiative de Lara Delage-Toriel et de Carole Egger, ARTLINGO est un projet interdisciplinaire destiné à redynamiser le désir d’apprendre en encourageant l’initiative et la créativité des étudiants et des enseignants. Soutenu depuis 2018, par la Faculté des Langues, il est porté à présent par Lara Delage-Toriel et Ana-Maria Gîrleanu-Guichard.

De nombreuses collaborations avec des artistes - dramaturges, metteurs en scène, performeurs, écrivains, danseurs et chorégraphes, marionnettistes, plasticiens, musiciens etc. - ont permis de tisser des liens « hors les murs » de l’Université, de promouvoir au niveau national et international, un enseignement innovant, relié aux enjeux de la société contemporaine.

Les étudiants, issus des diverses disciplines de la Faculté des Arts et de la Faculté des Langues, sont ici acteurs de leur propre apprentissage, en réalisant des projets artistiques qui font, le cas échéant, l’objet de présentations publiques. 

L’acquisition d’une langue et de ses codes culturels n’est plus perçue ici comme processus essentiellement cérébral. La nécessaire plongée dans l’imaginaire d’une autre culture implique la prise en compte du corps, à la fois comme moyen d’appropriation créatif et comme ressource elle-même génératrice de savoirs et de compétences.

Les ateliers ARTLINGO vous invitent à une immersion totale et intensive dans une « langue-culture » (Christian Puren) par l’intégration du lien étroit entre émotion et cognition et par la valorisation de la dimension interculturelle dans l’apprentissage d’une langue.

Inscriptions aux ateliers ARTLINGO du second semestre 2023-24

Les inscriptions aux ateliers ARTLINGO du second semestre 2023-24 sont ouvertes.

La nouvelle offre de cours est accessible ici : 

https://langues.unistra.fr/formation/ue-douverture-ue5/

Tous les étudiants de l’Université de Strasbourg peuvent prendre ces cours en « UE d’ouverture » ou bien en « UE option langue » (les UE5 et UE4 respectivement, pour la Faculté des Langues).

À l'exception de l'atelier de théâtre en allemand mené par Gilles Buscot (via la plateforme Lansad), les inscriptions se font uniquement auprès de M. Stéphane Torterotot (réception dans son bureau 4R12 le matin uniquement ou bien mail torterot[at]unistra.fr).

 

 

 

ARTLINGO en quelques chiffres

Depuis 2016, 50 ateliers ARTLINGO ont été mis en place. Près de 350 étudiants y ont pris part.

Alors, êtes-vous prêts à entrer dans le jeu ?

"Agir, faire agir ou réagir avec la langue, c'est toujours construire ou entrer dans un jeu".  (Jean-Rémi Lapaire)

ARTLINGO en quelques mots-clés

LIBERTÉ

« Era una manera muy diferente de trabajar el idioma. Éramos a la vez más libres y más responsables. Había un ambiente muy agradable, con más respeto hacia los demás, con más proximidad entre todos, profes y alumnus. »

« I liked that we had guided liberty. We were allowed to chose our own costumes and poems and we were free to tell it the way we wanted to. But we were guided and helped by the suggestions of the teacher who also chose the background music of our individual performance. It was great that we were able to perform in front of an audience. « (Anaïs, Atelier « On Speaking and Playing Ning Nang Nong », 2017)

JOIE

« J’ai bien aimé travailler sur des poèmes folkloriques roumains mais aussi le fait qu’on a eu la liberté d’écrire, de traduire, d’inventer selon notre choix. […] En ce qui concerne l’atelier plastique, nous avons passé de très joyeux moments entre nous et avec Ioana Tomşa [animatrice de l’atelier plastique et performeuse]. C’était une très bonne expérience dont je me souviendrai toute ma vie. » (Denisa, L1 Langues et Interculturalité, Atelier « Cerfs-VolARTs », 2018)

« During this semester, I wrote things I didn’t know I could write. We had some  assignments I probably would have never tried to write about on my own […] It got me to try out new things, and also simply to write during a busy semester, which was particularly enjoyable. » (Laura, L3 Japonais, Atelier « Emerging voices », 2019)

« My experience with the “On Speaking and Playing Ning Nang Nong” class was exceptionally unique and unforgettable. » (Boutheyna, Atelier « On Speaking and Playing Ning Nang Nong », 2017)

CRÉATIVITÉ
« C'était très dynamique, interactif, drôle. Cela nous a donné l'opportunité d'exploiter notre côté créatif et nous a aidé à établir un lien entre ce que nous avons écrit et ce que nous avons représenté par des dessins / ornements sur les cerfs-volants. » (Ștefania, L1 Langues et Interculturalité, Atelier « Cerfs-VolARTs », 2018)

« My favorite results of the class were in a way unexpected: first, I rediscovered my old passion for painting and actual colors. I started painting my drafts and texts, I got to play with watercolors and glue and develop the visual sense prevailing at times over the content. My work shifted from my beloved "text" to "work of art". […] My second favorite result was actually taking the necessary measures towards experimenting with language. I've always known that my literary career leads to plays with languages, but I had never done it- I thought I was waiting for the maturity that came with practice. In class, I had to practice; and I started playing with languages naturally. » (Dina, Atelier « Emerging Voices », 2019)

IMMERSION et DÉCENTRAGE CULTUREL
« Il s'est agi d'une véritable immersion dans la langue.  Entendre du roumain pendant toute la journée m'a beaucoup apporté aussi bien au niveau de vocabulaire qu'au niveau de la prononciation.  […] Le soir, une fois les activités finies, je rentrais chez moi en chantonnant les chansons et en répétant dans ma tête les mots retenus, tellement la mélodie et l'intonation du roumain s'étaient inscrites dans mon esprit. […]  J'ai pu expérimenter le roumain à travers la gestuelle du corps, la danse et les paroles et je dois avouer qu'à ce moment précis les frontières se sont effacées pour moi, j'ai eu l'impression d'être vraiment une femme roumaine. » (Ileana, L2 Langues et interculturalité, Atelier de marionnettes roumaines, 2017)

CORPORÉITÉ
« Dans ce cours et à travers les points de vue différents apportés tant par les étudiants que par Olga et Francisco, j’ai appris à voir mon corps comme une entité à part entière qui est capable de s’exprimer seul. » (Atelier « Errances de traduction/Corps opérateurs », 2018)

« I loved to move, doing acrobatics, being aggresive, being gentle, smooth, fast, violent. And all of this is a part of an artistic performance...it's hard to explain, but at the exact moment when you do all these movements, when you are performing, you feel good, as if it was cathartic ; when you take frustrations and pain out of your body and your spirit, when you take it all out of you by doing this, you ask yourself a question : is this really me ? And the best part of that moment is the answer : yes, it is. » (Marc-Félix, L1 Arts du spectacle, Atelier de slampainting, 2016)

CONFIANCE EN SOI

« ARTLINGO was a class that really brings me a lot of things. The main important thing is that it made me self-confident about my spoken English. […] ARTLINGO help me making new friends in a hostile place such as university with so many people. In ARTLINGO I have found people just like me, we are different but we have the same opinion on the importance of art in studies. […] INSPIRING, DOPANT, FRIENDSHIP, SELF-CONFIDENT are the main terms that made me think about Artlingo » (Pauline, Atelier de slampainting, 2016)

« When you arrive at University, you know a lot from the high school and the primary school: Math’s, English, French, maybe Philosophy. But, for more than one of us, you don’t know the most important thing you have to know in your life: YOU. With ARTLINGO, I learn to know me. To love me. To control my emotions, to be another person sometimes, and the most important: to listen to each other. I learn so much with Marie [Seux], she helps us a lot, by giving us exercises, helps us being confident, chasing our anxiety… But I guess that at the end, all the work came from us. From the group. We have grown all together ». (Sarah, L1 Anglais, Mixed Doubles)

LIEN HUMAIN
« Apprendre les langues par les arts n'est pas un moyen d'obtenir de bonnes notes facilement, au contraire, il s’agit d'une implication supérieure à la fois dans le temps et au niveau personnel. Lorsque la présentation d’un sujet pour une matière traditionnelle se prépare seul(e), avec un ordinateur et peut-être une tasse de café, un spectacle de marionnettes roumaines d'une trentaine de minutes représente plus de trois jours de travail. […] Alors que de nos jours, les progrès de la technologie conduisent à la détérioration des relations humaines, il me semble que l’on a tout à gagner à prouver que la collaboration collective peut apporter tout autant, sinon plus qu'une connexion Internet. Surtout, durant ces trois jours, j'ai pu acquérir une plus grande connaissance de la culture roumaine, laquelle restera dans mon esprit à travers la sensation de l'avoir ‘vécue’ ». (Claire, M1 Plurilinguisme et Interculturalité, Atelier de marionnettes roumaines, 2017)

« Cet atelier a été une aventure magnifique. Nous avons travaillé comme des professionnels, comme de vrais acteurs dans les salles de classes, chez quelques-uns d’entre nous, dans des lieux publics. […] Nous avons été tous très unis. On était une vraie équipe, comme des gens qui se connaissent depuis beaucoup de temps même si ce n'était pas le cas. » (Angelina, L1 Espagnol-portugais, Atelier de théâtre étudiant franco-roumain 2019)

« Le fait de devoir monter un projet ensemble prouve qu’au-delà de l’aventure artistique, l’atelier Artlingo est une aventure humaine. […]. Apprendre à s’adapter aux autres et faire face aux difficultés imprévues ont donc été une part essentielle de la mise en place de ce projet. Malgré ces « péripéties », force est d’avouer que cela n’a rendu l’aventure qu’encore plus intéressante et enrichissante, à un niveau aussi bien humain qu’académique ou que personnel ». (Margaux, L1 Anglais, Atelier de théâtre étudiant franco-roumain, 2019)

« Cet atelier m’a permis de rencontrer des personnes formidables et de lier des amitiés solides qui, je sais, dureront dans le temps. J’espère pouvoir participer un jour de nouveau à un projet de la sorte et continuer à être la vitrine de la roumanophonie en jouant. » (Jonas, L2 Chinois, Atelier de théâtre étudiant franco-roumain, 2019) 

"The dialog exercise taught me collaboration. When you learn a dialog with someone, it’s not enough to only know your lines. In fact, you have to know the other’s lines as well, so you know exactly how to act and take all cues. It also told me patience and perseverance, because we had to re-do the whole thing again and again til it felt natural to us. And since we didn’t know each other at the time, this exercise not only made us practice acting, but it was the perfect icebreaker to get to know each other — and in fact, we saw very quickly that no matter how hard you try to be a different person, when you act there will still be some of your own personality left. You’ll always be yourself — to some extent." (Amandine, English in Performance, 2019)

Créer et apprendre, au-delà des murs, des frontières et des confinements  Entretien entre Marie Seux, comédienne, et Lara Delage-Toriel, co-directrice d’Artlingo, septembre 2021

En avril dernier, en plein confinement, une restitution de l'atelier "English in Performance", présenté par Marie Seux dans le cadre du programme Artlingo, a pu se faire à huis clos. En voici la captation :

Film (Atelier "English in Performance")

 

Entretien entre Marie Seux, comédienne, et Lara Delage-Toriel, co-directrice d’Artlingo, septembre 2021.

 LDT : Pourquoi avoir choisi de travailler en 2020-2021 sur la pièce de David Campton, « Us and them » ?

MS : Je cherchais une pièce dans laquelle tous les étudiants pourraient être partie prenante. J’aimais l’idée de créer le sentiment de compagnie. Les étudiants ont tout de suite adhéré et ont joué le jeu.
La pièce traite du conflit entre deux camps, elle pourrait s’apparenter à une fable, ce qui lui confère un caractère intemporel. Chaque spectateur peut y projeter son image de conflit, que ce soit une guerre ouverte ou une guerre larvée…
Lorsque nous avons choisi la pièce, je n’avais pas fait de lien avec ce que nous traversons actuellement mais des parallèles sont possibles.

LDT : Effectivement cette pièce date de 1972 mais l'image du mur, et plus généralement les enjeux que représentent la frontière, la délimitation de l'espace de vie, voire même les interactions entre kinésphères individuelles, résonnent fortement avec l'Amérique de Trump, le Brexit, la crise sanitaire de la Covid et tant d'autres exemples actuels. Tu parles de vouloir "créer le sentiment de compagnie". Comment cela se traduit-il en termes d'approche pédagogique? Comment parviens-tu à créer du collectif à partir d'un groupe d'individus qui ne se connaissent pas et n'ont pas forcément choisi de travailler ensemble?

MS : Créer un sentiment d’ensemble se fait progressivement.  Je commence par des exercices qui incluent tous les étudiants, des exercices de présentations, des jeux. Le jeu, l’humour permettent de lever les inhibitions. Il m’importe de créer une atmosphère de confiance où les étudiants ont la possibilité de prendre le risque de se tromper, d’essayer, d’expérimenter. Lorsque deux étudiants travaillent une scène, ils ne vont pas forcément trouver le rythme ou le ton juste immédiatement; j'encourage les autres étudiants à leur suggérer des pistes, des tentatives. Dans ces expériences collectives, le processus d’apprentissage passe avant le résultat. 

LDT : Sur ce projet particulier, quel degré d'initiative as-tu laissé aux étudiants au niveau de la création proprement dite (direction d'acteur, scénographie, costumes...) ? Quelle place as-tu laissé par exemple aux errements ou égarements – ce "risque" dont tu parles ?

MS : Après la lecture de la pièce, j’ai demandé aux étudiants de choisir la scène qui leur parlait le plus. Ensuite, je leur ai demandé de dessiner cette scène sur une feuille A4: comment imaginaient-ils le décor, la place des acteurs ? Je leur ai demandé de visualiser le texte dans l’espace.
Ensuite, je leur ai dit : vous avez toute la liberté d’essayer, prenez vos camarades, placez-les dans l’espace, faites-leur dire le texte. Est-ce que ça vous plaît? C’est ainsi qu’ils se sont mis d’accord pour se servir des tables et des chaises, qu’ils ont inventé ensemble la hauteur du mur…. L’idée étant qu’ils ne se reposent pas sur moi pour trouver des solutions mais qu’ils trouvent les leurs !!! Et tout ça en anglais, s’il-vous-plaît !!!!

LDT : Comment intègres-tu des apports plus académiques (théories du texte dramaturgique, étude du contexte culturel et de l'œuvre du dramaturge, connaissance de la langue) dans cet enseignement dont une large part est consacrée à la pratique expérimentale, à l'action créatrice ?

MS : Mon cours est certainement moins académique que d’autres, effectivement je mets l’accent sur l’expérience. Je ne fais pas de cours de théorie dramaturgique à proprement parler mais nous nous interrogeons sur la structure dramatique du texte étudié. Je consacre une séance entière à la lecture de la pièce dans son intégralité et à son analyse. A cette occasion, nous relevons les difficultés de vocabulaire ou de grammaire. Dans deux des textes choisis ces dernières années, nous devions négocier la présence d’un narrateur. La question du choix s'est posée: un narrateur ou des narrateurs?
Dans notre atelier, nous avons choisi de répartir la parole du narrateur afin que chacun des acteurs puisse expérimenter cette place particulière. Si nous avions monté la pièce, le choix aurait peut-être été différent.
Par ailleurs, l’année dernière, j’ai inauguré l’enregistrement au micro pour que les étudiants puissent s’entendre, puissent travailler leur articulation et leur accent.

LDT : Cela fait maintenant 5 ans que tu interviens dans le cadre d'Artlingo. Peux-tu évoquer un ou deux moments particulièrement marquants dans cette aventure, et enfin, ces points encore aveugles que tu aimerais explorer cette année?

MS : Dans mon parcours Artlingo, l'un des moments marquants fut l’année où j'ai eu un groupe d’étudiants aux fortes personnalités et aux niveaux linguistiques très hétérogènes. Je me demandais comment j’allais réussir à créer ce sentiment d’ensemble, de compagnie. J’avais imaginé travailler sur une comédie, mais finalement les étudiants ont accroché sur une pièce plus noire mais plus proche de leurs préoccupations. Et au fil des séances, une très belle solidarité s’est établie entre eux. D’un groupe d’individualités un peu circonspectes les unes vis-à-vis des autres, nous sommes passés à une équipe ravie de travailler ensemble.
Cette année, j’aimerais pouvoir inciter les étudiants à prendre la place du metteur en scène plus souvent. Qu’ils puissent s’emparer du texte, imaginer une scénographie (même sommaire) et donner des directions de jeu à leurs camarades-acteurs. C’est aussi un moyen de leur faire prendre confiance dans leur capacité à être créatif. 

 

 

« J’enseigne, tu apprends, nous créons », 2e journée d'études ARTLINGO (15 mars 2021)  2ème journée d’étude ARTLINGO, 15 mars 2021, Salle Ourisson, Institut Le Bel / Visioconférence

Texte de cadrage de la journée d'études.

Programme.

L’événement est ouvert à tous, étudiant comme enseignant, et aura lieu sous format hybride.

Étant donné les restrictions sanitaires actuelles, nous ne pourrons accueillir du public dans la salle. Les personnes souhaitant assister aux travaux de la journée d’études sont priées de se connecter à l’adresse : https://unistra.webex.com/unistra-fr/j.php?MTID=m8e6bce681b7c990d2a7db202b2933816

Intervention de Christian PUREN

Intervention de Jean-Rémi LAPAIRE

Intervention de Miguel PALACIOS

Table ronde

Contacts : Lara DELAGE-TORIEL ldelage[at]unistra.fr , Carole EGGER egger[at]unistra.fr , Ana-Maria Gîrleanu-Guichard girleanuguichard[at]unistra.fr 

ARTLINGO, les langues autrement dites

Film (Mariette FELTIN, 2017)

Journée d’étude ARTLINGO (2017)