En raison de son histoire turbulente, d’abord le passé colonial japonais suivi de quarante ans sous le régime autoritaire du Parti nationaliste (le KMT), Taiwan représente un champ d’investigation prometteur pour la littérature, le cinéma et d’autres expressions artistiques. De nombreuses études s’intéressent au conformisme ou à l’inverse aux méthodes de contournement du contrôle étatique qu’ont développés des auteurs de divers domaines durant la période pré-démocratique de Taiwan, mais peu de travaux concernent le revirement d’une partie des auteurs dans leur manière d’aborder à la fois le passé de l’île et leur passé personnel à l’ouverture de l’ère démocratique. Xiao Lihong (Hsiao Li-hung) n’est pas connue en France, mais c’est une écrivaine célèbre et appréciée à Taiwan. Les œuvres que la romancière a écrites sur trois décennies, de la fin des années 1960 à 1995, témoignent du changement de la société taïwanaise face à son passé au fil de ces années. A travers l’étude de certaines de ses œuvres, nous souhaitons proposer des pistes de réflexion sur le processus de réinterprétation du passé dans un pays dégagé de l’emprise d’un régime autoritaire.
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