COLLOQUE INTERNATIONAL D’ÉTUDES HÉBRAÏQUES

Du 26 au 28 juillet 2021 s’est tenu à l’Université de Strasbourg le colloque de l’Union hébraïque mondiale, en hébreu Brit ‘ivrit ‘olamit, une association fondée à Berlin en 1931 dont le but est de promouvoir la langue et la culture hébraïques dans le monde. Depuis 2005, dix-sept colloques se sont déroulés en Europe, au sein d’universités où l’hébreu est enseigné : Barcelone, Prague, Milan, Paris entre autres. Les actes des colloques sont publiés dans la revue Re’eh[1], Revue Européenne des Études Hébraïques, fondée en 1996 par Ephraïm Riveline et Guid’on Kouts, professeurs à l’Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis.

Cette année, le colloque était co-organisé par le professeur Guid’on Kouts, rédacteur en chef de Re’eh, directeur de l’Institut Européen d’Études Hébraïques et représentant de la Brit ‘ivrit ‘olamit en Europe, ainsi que par Mordechaï Schenhav, président de la commission d’organisation du colloque et ancien directeur du département d’études hébraïques et juives de l’Unistra.

Le colloque, reporté d’un an, a eu lieu en hybride à cause de la situation sanitaire.

Lors de la session d’ouverture du lundi 26 juillet, le professeur Irini Tsamadou-Jacoberger, vice-présidente en charge des relations internationales et directrice de l’équipe de recherche G.É.O. (Groupe des Études Orientales) à l’Unistra, a salué la tenue d’un colloque autour de l’hébreu à l’Unistra et souligné l’importance de la multiplicité et de l’interaction des langues à l’université de Strasbourg, ville européenne où la langue et la culture hébraïque ont toute leur place.

La première session était consacrée à un hommage à l’Académie de la langue hébraïque avec deux communications portant sur les avatars hébraïques, grecs et latins d’expressions bibliques à travers la littérature sacrée et profane.

Puis ont suivi une session sur la littérature hébraïque moderne et contemporaine, prose et poésie, et sur l’enseignement de l’arabe et de l’hébreu en Israël et en diaspora. Dans une communication intitulée « L’hébreu et l’arabe en dialogue à l’université (niveau avancé) : rencontre entre deux langues et deux sociétés », Dina Roginsky, maître de conférence à l’Université de Yale, a retracé la mise en place, avec la collaboration de sa collègue enseignante d’arabe, d’un enseignement comparé de deux langues du Proche Orient. Le principe est le suivant : deux locuteurs des deux langues étudient en même temps la langue de l’autre. La conférencière a expliqué les différentes étapes nécessaires à la création d’un tel enseignement ainsi que les activités culturelles variées qui l’accompagnent. Cette communication donne du grain à moudre quant à l’organisation d’un tel cours dans des universités européennes telles que l’Unistra. La seconde intervention sur les liens entre l’hébreu et l’arabe était consacrée à une étude sur les défis qui attendent des jeunes femmes bédouines, futures enseignantes en hébreu seconde langue au sein de la population bédouine en Israël.

Le professeur Moshé Bar Asher, président de l’Académie de la Langue hébraïque, est intervenu en conférence plénière sur le thème de la tension entre l’hébreu normatif et l’hébreu parlé, un sujet « classique » chez les linguistes de l’hébreu.

La matinée du mardi 27 était consacrée d’une part à la Bible et ses occurrences dans les diverses littératures, et d’autre part aux arts et au théâtre. Le professeur Guid‘on Kouts a évoqué le rôle de la presse hébraïque dans la critique du théâtre juif en hébreu au tournant du XXè siècle. Zivi Berman, doctorante à l’Université Sorbonne Nouvelle, a exposé les caractéristiques des peintres de l’École de Haïfa dans les années trente.

 

L’après-midi a débuté avec la visite de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, la deuxième en taille après la Bibliothèque Nationale François Mitterrand. Le département des archives hébraïques avait exposé plusieurs manuscrits médiévaux ainsi qu’une belle collection de revues et quotidiens hébraïques. Les deux communications suivantes étaient liées soit à la presse : les fake news dans la presse hébraïque à l’époque du mandat britannique en Palestine (1919-1948), et l’affaire Dreyfus et Émile Zola vues par Eliezer Ben Yehuda, père de la renaissance de l’hébreu, soit à l’importance donnée à l’usage de la langue hébraïque sous toutes ses registres, y compris celui de l’argot.

La journée du 27 juillet s’est achevée avec une session sur les communautés juives orientales en Israël : histoire, genre, et littérature : « la femme sefardi dans les communautés juives turques au milieu du XIXè s. » et « quatre romanciers israéliens contemporains d’origine orientale décrivent quatre personnages masculins orientaux ».

La dernière matinée du colloque a été consacrée à l’exil, la Shoah, la renaissance et la défense de l’État d’Israël. De l’étonnant « Appel à nos frères juifs de Pologne » rédigé en hébreu par les révolutionnaires polonais de 1863 à la « Sociologie militaire des guerres d’Israël comme source d’exégèse des films israéliens sur les guerres du Liban » en passant par « Poèmes en hébreu dans les ruines du ghetto de Kovno » et « Écriture et création en hébreu en Tchécoslovaquie : 1948-1968 », les communications concernaient de multiples aspects de la présence de l’hébreu en des époques troublées et des lieux inattendus.

La dernière session était dédiée à Mordechaï Schenhav et son accès à l’éméritat. Tamar Golan, professeur à l’Université Ouverte de Tel Aviv, a livré une analyse très pertinente sur le concept du shvil Israel, le « grand GR, - sentier de grande randonnée - d’Israël » qui parcourt le pays du Nord au Sud sur plus de mille kilomètres de long et qui selon les uns devrait inclure les territoires de Judée-Samarie, et les autres ne pas aller au-delà des frontières de 1967. Damien Jakubczak, diplômé en Master de relations internationales (Sciences Po Strasbourg) et en Master d’études orientales (Unistra) a ensuite proposé une analyse détaillée de la situation politique entre Israël et les Émirats arabes suite aux accords d’Abraham.

Après la clôture du colloque, M. Roni Tiargan-Orr, doctorant au département d’études hébraïques et juives de l’Unistra sous la direction de M. Schenhav, a soutenu publiquement sa thèse : « L'attitude de l'opinion publique israélienne vis-à-vis des occurrences de conflits de faible intensité entre 2000 et 2017 - processus et caractéristiques ».
 
En conclusion, fidèle à sa tradition, le colloque international d’études hébraïques de l’Union hébraïque mondiale, a rassemblé à l’Unistra des chercheurs venus d’universités très diverses, de Varsovie à Los Angeles, en passant par Strasbourg, Paris, Louvain, Tel Aviv, New York ou Jérusalem. La grande diversité des thèmes abordés n’a d’égal que leur lien indéfectible avec la langue et la culture hébraïques dont la présence en Europe ne laisse pas de d’être florissante et de poursuivre une tradition millénaire.    


[1] La revue Re’eh est tout entière dédiée aux publications des chercheurs en langue et culture hébraïque du monde entier et est éditée majoritairement en hébreu. 

 

 

Département d’études hébraïques et juives – Faculté des Langues - Unistra
Groupe d’Études Orientales (GÉO) – Unistra
Union hébraïque mondiale
Institut Européen d’Études Hébraïques
REEH, Revue Européenne des Études Hébraïques