Divers écrits nicaraguayens des vingt dernières années révèlent, lorsqu’ils s’intéressent à Managua, une historicisation de l’espace, perceptible dès l’onomastique qui traduit des enjeux politiques et discursifs, instrumentalisant le lieu. Cette mise en texte de l’espace physique peut être pathétisée par une mise en scène qui rend puissamment symboliques les actes publics. Les romans dépeignent également des espaces dégradés ou décentrés, livrés à une sémantique du non-sens, pour mieux signifier une société dysfonctionnelle à l’image d’un peuple dérouté après la défaite des sandinistes en 1990 et la perte des référents idéologiques. Mais la réponse fictionnelle à la dystopie consiste précisément à reconstruire l’espace du lien, plus instinctuel qu’idéologique, à rappeler la dimension expérientielle ou affective de l’espace, et l’esprit du lieu en tant qu’il est communauté d’hommes : en s’immergeant dans des espaces tout à la fois publics et intimes, les auteurs qui font aussi œuvre de mémoire conçoivent un espace retrouvé.
Nathalie Besse : "Managua dans les écrits nicaraguayens : aspects d’un espace textualisé"
2
décembre 2024
17h
19h
Amphi Beretz